Vous avez dit Cambe-Gouille(s) ? En français dans le texte

image_pdfimage_print

Un groupe qui a choisi l’autonomie et quiEn français dans le texte s’en porte bien

Originale, la manière dont est né notre groupement. Comme il n’y a plus beaucoup de membres qui puissent s’en souvenir, rappelons les faits. Imaginez un peu un TGV, avec une bonne vingtaine de jeunes athlètes du Stade-Lausanne à son bord, accompagnés par trois moniteurs, dont votre serviteur, en route pour l’INSEP ou Institut National des Sports français. L’INSEP, en quelque sorte l’équivalent de notre Macolin suisse. Si la date exacte est incertaine, l’année l’est beaucoup moins: c’était en 1982. Une chance pour ces jeunes, de découvrir par la pratique ce temple sacré de la banlieue parisienne et les futurs sportifs d’élite de la nation. Peu importe les acteurs du TGV, retenez seulement que c’est en ces lieux, non dénués de romantisme, que fut conçu notre nouveau-né. «Cambe-Gouille(s)», tel fut le patronyme dont il sera affublé pour la postérité.

Si on créait une équipe de coureurs ?

A quelque part, il était pourtant écrit que le vrai destin de ces «Cambe-Gouille(s)»-là, n’était pas de frayer avec le grand frère du Stade-Lausanne. Convoqué un jour par le comité et sommé de m’expliquer sur une réalité peu prisée des instances dirigeantes du club, à savoir que je prônais dans ce groupe l’intégration de sportifs de tous bords, je fus mis au pied du mur, à savoir obtempérer aux directives du comité. Celles-ci étaient de n’accepter aux entraînements que des membres dûment inscrits au SL athlétisme. Opinion jugée inacceptable par l’intéressé. La romance tourna court. Notre groupe choisit ainsi immédiatement l’autonomie.

Et aujourd’hui, qu’en est-il? Pas de regret, mais pas d’animosité non plus. Peut-être rétroactivement une question: comment des coureurs pourraient-ils refuser à d’autres coureurs de s’entraîner en leur compagnie simplement parce qu’ils ne portent pas les mêmes couleurs de maillot? Une conception de la vie et du sport qui permet de mesurer tout le fossé qui sépare en certaines occasions les dirigeants de clubs de ceux qui pratiquent le sport.

Dix éditions d’une course sympa

Concevoir un club sans président et sans comité n’était pourtant pas chose aisée. Un groupement sans lien local, sans vestiaires, si ce ne devait être qu’un bout du bois de Vernand, ou une fontaine, dite de rassemblement, du côté de Vidy, Et pour assurer la multiplicité des tâches qui incombent à cette fonction, juste un «tonton» qui a bien dû finir par apprendre «à déléguer», bien soutenu, il faut le souligner, par des adhérents pas peu fiers de leur appartenance à cette noble société sportive. Fleuron des «Cambe-Gouille(s)» à ses débuts, la course du même nom s’est taillée un joli succès. Organisée par ses membres, elle a connu sa dixième et dernière édition le samedi 26 août 2000, finissant par s’éteindre pour des raisons pratiques.

L’avénement des féminines

Depuis que le groupe existe, l’eau a naturellement coulé sous les ponts. Des coureurs sont passés, d’autres sont restés, mais l’esprit, lui, est toujours resté le même. Tout n’a pas été sans quelques frémissements, mais quel club peut se vanter de n’avoir connu que des réussites? Les dernières années ont vu poindre l’avènement des féminines. Une bouffée d’air frais, dans un monde de…, disons d’hommes, et une réalité qui permet de vérifier que la femme est l’avenir de celui qui la conçoit, dans son esprit tout au moins…

Des sorties annuelles traditionnelles et très appréciées!

Vous avez dit «Saute-Flaque(s)»? Tel vocable pour expliquer à nos amis français, lors des nombreuses sorties annuelles du club dans l’Hexagone, que gouille rime avec rigole, et que nous aussi, Helvètes de haut vol, avons nos particularismes régionaux. Des sorties annuelles pour reconnaître, sur le terrain, que toute forme de compétitivité ne peut se départir d’une haute dose de convivialité, si ce n’est d’autant d’éthique sportive. La première, la plus mémorable, fut à Saint-Rémy de Provence (liée à la course des Alpilles), dont seuls quelques membres fondateurs isolés peuvent encore se souvenir. Ces odyssées annuelles finirent ensuite par s’institutionnaliser: Vallorcine en 95, Châtonnay en 96, Epfig en 97 et Crotenay en 98, puis St-Maurice l’Exil (course des Neutrons), Hagenthal, Annecy, Burnhaupt en Alsace, chez l’ami Bernard, 2 fois. Sans oublier un saut de puce à Aoste, sortie organisée par nos amis «Italophones». On peut se souvenir aussi que par le passé, l’un des nôtres a défié le Kilimandjaro en courant sur le toit du monde, d’autres de se régénérer les neurones à la Patrouille des Rochers, certains de se brûler les pieds dans la fournaise du Sahara, du Mali, connu les affres du Grand Raid de l’île de la Réunion ou plus proche de nous, celles du Tour du Mont-Blanc ou des 100 km de Bienne. Des joies extrêmes de plus en plus goûtées par nos ouailles… enjuponnées. Rien que de très banal à notre époque, j’en conviens, mais il fallait le dire.

L’effectif Cambe-Gouille(s) compte actuellement, début 2008, quelque 70 membres. Chacun paie une cotisation annuelle de 40 francs ou 60 francs par couple. Un pactole en principe toujours redistribué sous forme liquide ou solide, après déduction des dépenses courantes, mais jamais thésaurisé. Seule exception, le «trésor» de la course – 3000 francs et dix ans de labeur – intouchable,.

Dernière idée en date, que les «visionnaires» du club ont dû arracher, tel un plombage récalcitrant, à leur Tonton préféré: un site Internet, aujourd’hui très prisé de toutes et de tous.

Tonton, votre petit rapporteur

(texte paru dans «Le mmmille-pattes» No 75, décembre 1998, écrit et recomposé par l’intéressé, pour le site «Cambegouilles.com»).